Janis est folle

©Méli-Mélo de livres
Une couverture du photographe Alain Laboile  qui accroche le regard.
Un auteur Olivier Ka qui est aussi un formidable conteur, j'ai eu l'occasion de l'entendre plusieurs fois, notamment sur ces contes LA.
Et un titre comme une vérité crue assénée sans explication. Comme une étiquette.

Titouan et sa mère : un couple fusionnel, en marge de la société. De petits boulots en petits boulots, de cavale en cavale. Une mère instable, un jeune homme qui la protège, qui accepte tout malgré la révolte qui gronde parfois en lui. Mais tout s'accélère depuis peu. Titouan perçoit une autre urgence chez elle, indicible, mystérieuse, codée. Mais il attend et suit. Il sait que c'est la meilleure parade. 
Et d'un coup, c'est le trou pour lui : elle le mène jusqu'à ses origines, ou plutôt jusqu'à son secret, devenu trop lourd à porter, comme si elle pressentait elle aussi une fin.

Le lecteur comprend alors cette béance ouverte en elle mais pour Titouan, c'est trop, il n'est pas prêt.

Commence alors pour lui une descente aux enfers où il va devoir faire ses choix, seul. Sans elle ou plutôt pour elle. Et pour lui. Il va comprendre là où elle voulait le mener.

Voici un roman d'une fougue tragique comme un tsunami sur l'amour maternel et filial d'une très grande sensibilité. Pour moi, non, Janis n'est pas folle. Elle renvoie le mal qu'on lui a fait et celui qu'elle a fait, à sa manière, des mensonges qui la rongent de l'intérieur, le poids de la société et de sa normalité et surtout ce besoin pour sa famille de sauver les apparences.

Une femme entière, d'une réelle force et faiblesse à la fois, qui aime par-dessus tout, trop peut-être.
A se brûler les ailes.

Certains passages sont d'une violence noire, d'un désespoir infini, d'une impossibilité à vivre, de murs dressés devant vous et dans lesquels il faut coûte que coûte trouver la faille pour s'en sortir, c'en est presque incantatoire.

Mais une fin apaisée, pleine d'espoir et de rire.

Jusque celle-ci, le lecteur reste témoin impuissant de cette deshérence et ne cherche même plus à savoir comment cela va se terminer. Il ne peut pas, lui aussi vit ce drame tragique de l'intérieur et reste coi. Ses propres sentiments et émotions en sont presque anesthésiés. Je me suis surprise à retenir mon souffle à cette lecture.

Seulement, voilà : j'aimerais bien avoir de ses nouvelles. A Titouan. Il va me manquer.

Un roman pour ados-adultes qui sort aujourd'hui en librairie. C'est la première fois que cet auteur est publié au Rouergue et j'espère qu'il y  aura d'autres romans.

Existe aussi en version numérique

Janis est folle
Olivier Ka
Le Rouergue
Doado noir

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